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INCIVILITE

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Message  Aladin Mar 19 Oct - 16:44

ECJS DEFINIR ET MESURER L’INCIVILITE


Document 1 : Incivilté et civilité

J’appelle " incivilités " les ruptures de l’ordre dans la vie de tous les jours, ce que les acteurs ordinaires considèrent comme la loi et non pas ce que les institutions qualifient d’ordre ( les infractions). Notons en vrac leurs incarnations : les dégradations de boîtes aux lettres, les odeurs d’urine dans les cages d’escalier, les bruits, les vitres brisées, les groupes de jeunes impolis et parfois agressifs assemblés au pied des immeubles. L'ordre en public se loge dans le respect des civilités (politesse, déférence, respect d'autrui), dans la négociation des entrées en relation avec autrui, bref, dans l'affichage du caractère pacifique de la personne. Dans la civilité se jouent les droits et les devoirs concrets de l'individu. Avec les incivilités, c'est le lien qui réunit les membres d'un ensemble qui se trouve questionné. Qu'est-ce qui nous lie ? Comment, pratiquement et quotidiennement, entrons-nous en contact? Qu'avons-nous à faire ensemble? En quoi nous ressemblons-nous ? Bref, sommes-nous quelque chose comme une collectivité ou une communauté ?

Source : la société incivile, S. ROCHE (1996)

Document 2 : Incivilité et délinquance.

Les incivilités n’ont pas de définition juridique précise. Il s’agit d’une notion sociologique avant tout, qui renvoie aux perceptions et aux représentations des gens.
Essayons de situer les désordres par rapport à la délinquance. Les incivilités ont des incarnations très anodines, tout du moins en apparence et à court terme, comme par exemple le défaut de politesse, voire l’agressivité verbale, ou encore le manque de propreté et le bruit. Ce sont des choses qui dérangent et inquiètent. Pour autant, on ne peut pas dire à tous les coups que les incivilités soient des délits, et encore moins des crimes. Hors la morale toujours, hors la loi quelquefois.
Les incivilités ne sont pas réductibles à la délinquance, tout en lui étant liées. Pensons aux vols par exemple, et aux vols d’automobiles en particulier. Lorsqu’une voiture est dérobée, quel qu’en soit l’usage fait par le voleur, il y a comptabilisation par les statistiques officielles si le propriétaire porte plainte. Bien. Mais ensuite, que le véhicule soit abandonné intact dans une rue ou endommagé au cours d’un rodéo puis laissé à l’abandon au beau milieu d’un trottoir, il n’y a, du point de vue du comptage délinquant, qu’un seul et même acte. En revanche, la perception du désordre sera altérée par le devenir de la voiture après le vol. Si elle trône une quinzaine de jours sur un trottoir, la désorganisation sociale est visible pendant tout ce temps-là. Au vol vient s’ajouter l’étalage du vol. Et on peut imaginer que les conséquences d’un même acte varieront grandement en fonction de ses suites.

Source : la société incivile, S. ROCHE (1996)

Document 3

Les incivilités sont également en décalage par rapport à la définition de l’infraction : une partie d’entre elles sont légales (se rassembler dans un hall d’immeuble etc), une autre partie infractionnelle (insulter quelqu’un par exemple). La notion d’incivilité se définit par rapport aux conséquences sociales sur la cohésion d’un quartier : augmentation du sentiment d’insécurité, méfiance vis à vis des institutions, autant de comportements qui peuvent favoriser la multiplication des vols et des agressions. La prise en compte de la notion pousse à décentrer le regard : le problème n’est pas la rupture de la loi, mais la prolifération qui rend difficiles la vie en commun.

Source : S. Roché , Sciences Humaines HS n°26 sept :oct 99

Document 4

Les incivilités sont en partie " infractionnelles " (relevant du pénal), comme les tags qui font partie des délits, mais aussi en partie légales, lorsque quelques jeunes se rassemblent dans un escalier d’immeuble, ou quand il s’agit de simple impolitesse. Or les statistiques officielles ne prennent en comptent que les premières. Aussi en est-on réduit à consulter des données secondaires collectées par des organismes directement confrontés au problème, comme la SNCF, la RATP…
Il y a ensuite des enquêtes de terrain fondées sur des protocoles d’observation in situ qui permettent de recenser dans un milieu donné les indices d’incivilités (boîtes aux lettres fracturées, vitres brisées…).
Il y a enfin les enquêtes par sondage, dans lesquelles on demande aux sondés de décrire la qualité de leur environnement. Depuis peu, des municipalités se dotent de moyens internes afin de suivre l’évolution du phénomène.

Source : S. Roché , Sciences Humaines HS n°26 Sept /Oct 99
Questions sur les documents 1,2,3 et 4 :

Qu’est-ce que la civilité ? l’incivilité ? l’ordre en public est-il nécessaire ?
Donnez des exemples d’incivilités en les classant par ordre d’importance.
Quelle différence et quel lien peut-on établir entre incivilité et délinquance ?
Document 5 La difficile mesure des incivilités

Parmi les actes de délinquances, la criminologie a pour habitude de distinguer les atteintes aux biens (vols) de celles qui concernent les personnes (agression diverses, jusqu’à l’homicide). La seule statistique continue en France permettant d’observer les évolutions de ces délinquances est celle des services de police et de gendarmerie. En dépit de ses imperfections, elle nous indique des tendances générales.



- cette courbe retrace l’évolution de la délinquance et de la criminalité en France à partir des statistiques de la police et de la gendarmerie. Son interprétation continue à faire débat. Pour les uns, elle atteste d’un retournement de tendance sur le long terme dans le sens d’une montée de la violence. Pour d’autres, de telles données ne permettent pas de conclure. Plusieurs arguments sont classiquement avancés :

Le manque de fiabilité ou l’existence de biais statistiques
Une augmentation peut traduire une amélioration du recueil
Elle peut aussi traduire une sensibilité plus grande des individus qui les incline à porter plainte plus facilement
Les chiffres restent des moyennes qui peuvent masquer d’importantes disparités géographiques et sociales
Plus qu’une augmentation de la violence, c’est à une diversité des victimes et des institutions visées à laquelle on assiste

Toutes les violences ne sont pas quantifiables. Aussi, depuis quelques années, des enquêtes de victimation sont réalisées pour mieux apprécier qualitativement les phénomènes de violence. Elles consistent à interroger les personnes sur les incidents (vols, agressions..) dont elles auraient été victimes et qu’elles ont ou non déclarés à la police.
Ces enquêtes existent de longue date aux Etas-Unis et, depuis peu, en France, dans le cadre de l’international Crime of Victimization Survey (ICVS).
Ainsi les enquêtes de victimation nationales nous indiquent que 96% des vols de voiture sont connus de la police et de la gendarmerie, 78% des cambriolages (et 44% des tentatives de cambriolage), mais seulement 57% des vols avec violence et 30% des agressions sexuelles.

Source : Sciences Humaines n°89 déc 98

Document 6

En dépit des difficultés de mesure, il est peu discutable que la délinquance augmente avec notamment une atteinte aux personnes, une accentuation des menaces et des violences : vols avec menace, racket, agressions, cambriolages vécus comme des violences… Si les incivilités, insultes et dégradations, ne relèvent pas directement de le statistique policière et judiciaire, elles sont, elles aussi, en constante augmentation comme le révèlent les enquêtes de victimisation. Des institutions, jusqu’alors largement préservées, comme l’école, semblent progressivement menacées puis envahies par des conduites violentes ou perçues comme violentes. On pourra toujours discuter, avec pertinence d’ailleurs, de la validité de la statistique criminelle et des biais sur lesquels elle repose, mais il reste que la délinquance juvénile s’est sensiblement accrue et semble-t-il " rajeunie ".

Source : Cahier Français n°291, F.Dubet

Document 7

Pour pouvoir interpréter un phénomène, ce sont les tendances qui nous intéressent, et guère les niveaux (le nombre d’actes enregistrés). Pourquoi ? Et bien, sachant que le niveau dépend de la convention d’enregistrement utilisée (ici une nomenclature pénale, là des formulations de questions de sondages), seules les variations dans l’espace ou le temps sont significatives. En effet, une fois la convention établie et respectée, puis les informations soigneusement recueillies, les variations ont une signification. C’est le même principe qu’avec l’utilisation d’un thermomètre. C’est pourquoi, en ce qui concerne les incivilités comme pour le reste, on admet bien sûr qu’on pourrait trouver d’autres mesures, mais aussi que les variations ont un sens.

Source : La société incivile, S.Roché

Questions sur les documents 5, 6 et 7 :

Quelles informations le graphique nous apporte-t-il ?
Pourquoi faut-il se méfier de ces statistiques ?
Qu’est-ce qu’une enquête de victimation (ou vitimisation) ?
Quelles informations peut-on tirer de ces enquêtes ?
Document 8



Question : Montrez, en construisant des phrases avec les données chiffrées, que ces tableaux confirment la montée de la délinquance

Document 9 : Les incivilités à l’école.

La violence qu’on connaît aujourd’hui en milieu scolaire est largement faite de désordre. Dans un collège de Saint Martin-d’Hères, un peu agité, on trouve, du côté des élèves, des évocations répétées des incivilités : " la violence c’est pas tant les coups que les petites réflexions, les petits trucs qui emmerdent la vie " (3e, 14ans). Les insultes sont banalisées par les élèves : " Il y a souvent des injures entre les élèves devant les profs ", " Nous, c’est dans la classe que c’est agité. Les gens se lèvent, ils se courent après, s’injurient, les profs disent rien. En biologie, la prof n’a pas d’autorité, ils dansent dans la classe. Enfin, il n’y en a que deux qui font ça. Nous, on en profite du coup pour faire les cons " (4e, 13ans). A propos d’un élève qui est qualifié dur par ses copains, l’un d’eux raconte : " lui, il répond à tous les profs, on lui fait une observation mais il s’en fout, on a mis des règles dans notre classe, mais lui il ne les suit pas " (6e, 12 ans). Un élève de 15 ans dit : "moi, je me bats facilement, je m’énerve vite. Au début, on me dit toujours avec des mots de rester tranquille, mais moi je n’aime pas qu’on me dise ça, alors je me bats ". Pour d’autres, se battre, c’est respecter les règles de la cité (Teisseire) et les appliquer dans l’établissement. Enfin, on se bat car c’est une question d’honneur : " Après avoir été injuriés, certains élèves se sentent obligés de se battre car il leur faut sauver la face et assurer leur réputation face aux autres élèves qui assistent à l’incident ".

Source : La société incivile, S Roché

Questions :

Sur quelle(s) forme(s) d’incivilité à l’école ce texte insiste-t-il ?
Vous sentez-vous concernés ?
Document 10



Champ : élèves de collège du Doubs
Source : Violences à l’école, Charlot, Carra et Sicot 1997

Question : Commentez les résultats de l’enquête de victimation au collège.

Document 11



Question : Peut-on dire que le racket en milieu scolaire est un phénomène préoccupant ?

Document 12 : Le processus de dégradation de la vie scolaire

On distingue quatre stades principaux de la dégradation de la vie scolaire.

Le premier stade, c’est le refus des règles banales de la classe : la ponctualité est moins fréquente, le règlement intérieur de l’établissement est contesté, le travail et l’attention déclinent, l’indiscipline grandit. Cela se manifeste par un comportement bruyant et de moins en moins civil ou policé. L’irrespect d’autrui s’installe, la politesse s’efface. Les premières violences sont toujours verbales : les remarques déplacées fusent. Les effets induits sont les mêmes que ceux relevés par les études américaines : une augmentation des tensions, des situations très mal vécues par les enseignants, qui voient leur identité personnelle et professionnelle remise en cause. La démoralisation gagne alors du terrain.

Au deuxième stade, la violence verbale tend à s’installer. On constate une volonté délibérée de mettre en question la " distance à autrui ", qui est dans le cadre scolaire la distance entre élèves et professeurs. L’insolence produit une sorte de fêlure dans les apparences normales et un déni de légitimité. Elle érode le lien social tout en ruinant les rites protecteurs de l’autorité. Mais, paradoxalement, les dénonciations de cette profanation sont rares. L’absentéisme croît et les petits délits se font plus fréquents. Le comportement des élèves est plus insultant. Il tente de défier l’autorité des adultes, des enseignants et du personnel administratif. L’effet induit est l’apparition de petits caïds au comportement ouvertement provocant. La frontière du permis et de l’interdit se délite.

Au troisième stade apparaissent les menaces vis à vis de l’ensemble du personnel. La tension s’installe dans l’établissement. des bombes lacrymogènes sont lancés, des armes de défense font leur apparition. Les véhicules sont abîmés ou incendiés. En conséquence, la peur se développe chez les élèves et les adultes .Les caïds organisent des bandes qui affirment leurs propres règles.

Au quatrième stade, des actes de délinquance jugés graves font irruption dans l’enceinte de l’établissement. Ce sont les incendies criminels, les agressions physiques entre élèves, mais aussi contre le personnel. Et, dans certains cas extrêmes, les viols. L’effet induit est le renforcement de la peur, qui permet que s’installe une " loi du silence ".

Source : La société incivile, S. Roché

Questions :

Caractérisez, sous la forme d’un schéma, les 4 stades de la dégradation de la vie scolaire en montrant le glissement des incivilités à la délinquance.
Votre schéma décrit-il un processus inéluctable ?
Aladin
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